Entretien
Juan Asensio
Escorter les morts,
afin de leur permettre
de nous faire entendre
leur voix.
• À l'occasion de la parution de la seconde édition
de La Littérature à contre-nuit,
Éditions Sulliver, 2007, 26 €.
ISBN 978-2-35122-027-6.
Dominique Autié : Deux années et demie ont passé depuis la parution de La Littérature à contre-nuit [1]. Au cours de celle-ci, outre l’activité de votre site – qui n’a pas fléchi –, vous avez notamment publié La Critique meurt jeune et dirigé l’ensemble Les écrivains infréquentables paru comme numéro hors série de La Presse littéraire. Le moins qu’on puisse dire est qu’une cohérence forte émane de ce flux tendu de lectures et de publications. Les quelques aménagements de cette seconde édition de La Littérature à contre-nuit tiennent compte, je suppose, de la partie qui se joue sur l’échiquier de votre travail de lecteur et de critique ?
Juan Asensio : Cette seconde édition de La Littérature à contre-nuit a été, comme il se doit, relue, corrigée et augmentée de plusieurs textes. Ce livre, que je considère comme un véritable monstre, de par son sujet tout autant que sa forme, a donc vu sa monstruosité accentuée : le docteur Moreau, face à un tel spécimen, n’aurait pu lui-même s’empêcher de continuer à mener ses sordides expériences. Mais, comme dans ce cas je ne fais souffrir nul autre que moi, je n’ai pas de remords.
Cher Dominique, ne m’en demandez pas plus, de grâce : se relire est une épreuve qui m’a toujours semblé être la torture la plus raffinée et diabolique susceptible d’être infligée à un auteur, ou plutôt, qu’un auteur s’inflige lui-même (« Je suis la plaie et le couteau ! »), comme s’il ne pouvait se débarrasser de la malédiction de l’heautontimoroumenos qui n’est plus, comme dans le théâtre de Térence, un rôle comique. Dire que certains imbéciles, la bouche en cœur, affirment qu’ils sont satisfaits de ce qu’ils ont écrit, qu’ils ont enfin touché, avec ce livre, ce sommet lilliputien de leur œuvre merdiculaire, l’essence de la littérature, qu’ils ont senti, cette fois-ci, que l’inspiration, elle-même, pas moins, leur dictait leurs phrases délicieuses et vaines ! Quelle stupide blague : je crois plutôt que c’est l’aile de l’imbécillité, et elle seule, qui les a frôlés, pour reprendre une nouvelle image baudelairienne. Cependant, je ne voudrais point assombrir à dessein ce constat : je sais, tout auteur devrait savoir que relire ce qu’il a écrit est une corvée puisqu’il n’est plus vraiment l’homme qui a écrit ces lignes, les siennes pourtant, l’homme pour lequel ces lignes paraissaient constituer une assez juste approximation de la vérité lesquelles, maintenant qu’il les relit, lui paraissent ridicules et sottes.
William Faulkner va toutefois beaucoup plus loin que moi puisqu’il écrit à Joan Williams, dans une lettre datée du 7 mai 1952 : « Quand on a écrit un jour quelque chose, qu’on ne se sent pas obligé de haïr, c’est comme le cancer, on ne s’en remet jamais… ». Ce livre, à mes yeux, est une chose morte, une peau desséchée dont je me suis débarrassé, plutôt deux fois qu’une. Qu’il tente de revivre par les yeux de mes lecteurs, cela, c’est un miracle qui ne cesse de me surprendre. Un dernier point. Là, donc, où vous semblez faire le pari, par amitié sans doute, de quelque mystérieuse ligne de conduite guidant ma démarche d’auteur et de critique, je ne vois, sans qu’il me semble faire preuve d’un pessimisme maladif, qu’un chaos inextricable de phrases, de navrantes images, des phrases pulvérulentes, un désespérant éloignement entre mon texte et l’image que je me fais de ce que je dois, de ce que j’aurais dû parvenir à évoquer : le Mal et, bien sûr, ce qui le dépasse, la lumière, la littérature, réalités parentes pour Charles Du Bos (qui écrivait, en soulignant cette phrase : « La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière »).
D.A. : Ma conviction reste intacte que La Littérature à contre-nuit partage avec La Littérature et le Mal de Georges Bataille une parenté d’intention et de propos, ainsi que la force de conviction. De telles démarches pour nourrir une lecture « prospective » d’auteurs soit pétrifiés dans les dictionnaires et les anthologies bien-pensantes, soit pour ainsi dire oubliés (ce qui était le cas d’Ernest Hello), opèrent comme un révélateur en photographie : pour votre lecteur, une figure et une œuvre se dessinent, enviables (je vous dois d’avoir découvert ainsi Paul Gadenne) ; mais le lecteur, lui aussi, se révèle à l’évocation – si ce n’est à la lecture – des figures et des œuvres que vous acheminez, dans La Zone, dans vos livres, un peu comme le passeur psychopompe d’enfers dont notre temps se protège. Qu’avez-vous appris du lecteur, ces dernières années, de sa capacité à embarquer en pareille compagnie, j’allais dire : de son courage ?
J.A. : Votre comparaison me flatte. « La littérature est l’essentiel, ou n’est rien ». Cette phrase de Georges Bataille m’a toujours paru, depuis l’époque où je l’ai lue pour la première fois, être la meilleure définition des liens inextricables unissant la vie et son expérience seconde, revécue, fantasmée, redonnée : la littérature, l’art. Parenté d’intention dites-vous, entre ces deux ouvrages ? Je ne crois pas ou alors ce n’est que la surface des choses, trompeuse. Quoi qu’il en soit, lorsque j’ai écrit les différents textes qui constituent ce livre, je puis vous assurer que ma lecture de Bataille était déjà chose ancienne, à peine me laissa-t-elle le souvenir de quelques éclats : si influence il y a de ce livre sur le mien, elle ne peut qu’être profondément inconsciente et vous savez dans quelle piètre estime je tiens les influences occultes, du moins celles qui perturbent paraît-il le fonctionnement de notre cerveau…
Poursuivons car, au risque de vous choquer, cher Dominique, je crois ne rien avoir appris de celles et ceux qui me lisent. Ces lecteurs peuvent me donner, de mon livre, une image plus ou moins éclairante et juste mais d’eux, je n’apprends rien, du moins tant que leur critique ne s’est pas haussée à la hauteur où un dialogue véritable aurait pu s’instaurer. Si je devais apprendre quelque chose sur ma démarche, ses réussites et ses limites, cette connaissance proviendrait d’un livre écrit pour lutter contre le mien, pour dénoncer son projet et aller en somme contre sa dangereuse pente. Une œuvre naît au moins autant d’autres œuvres que de la vie quotidienne de son auteur. La meilleure réponse à un livre, finalement, est encore et toujours un autre livre.
Pour ma part donc, je me contente de faire mon travail – lire et évoquer, le plus intelligemment et sincèrement, mes lectures – et je dois faire ce travail point trop incorrectement. C’est tout. Tant mieux, je m’en réjouis réellement si, à l’occasion de la lecture d’un de mes textes, certains auteurs peuvent être redécouverts du public cultivé ou, à tout le moins, être perçus différemment. Je songe, comme vous, à Paul Gadenne, romancier d’une intelligence et d’une profondeur tout à fait remarquables. Je songe encore à la modernité absolue de Monsieur Ouine de Bernanos. Le courage du lecteur me dites-vous ? Que n’avez-vous évoqué, plutôt, mon attente pour le moment déçue d’une réponse digne de ce livre.
D.A. : Deux mille ventes, me disiez-vous, pour le volume consacré aux écrivains infréquentables : le désert serait donc étrangement bien plus et (peut-être) mieux peuplé qu’on ne pouvait le craindre ? Comment situez-vous, aujourd’hui, les enjeux de la critique ? D’où se devrait-elle de parler ? À qui ? À quelles conditions ? Ne va-t-elle pas rencontrer, à terme, la nécessité d’éditer les œuvres elles-mêmes – de les redonner, matériellement, à lire lorsqu’elles sont introuvables autrement qu’en bibliothèque ? En clair : quel regard portez-vous sur le monde éditorial et sur son devenir proche ?
J.A. : Encore une fois, permettez-moi de me montrer moins optimiste que vous ne l’êtes. Les enjeux de la critique sont ce qu’ils ont toujours été : une voie solitaire, où le critique marche non point pour atteindre quelque Carcassonne – Lord Dunsany puis Faulkner nous ont suffisamment appris que nul ne pouvait atteindre cette destination chimérique, à moins qu’il ne s’agisse de confondre cette destination avec une chaire douillette au Collège de France – mais tout simplement parce qu’il faut marcher. Je me moque donc de savoir combien de livres je vends. Assurément beaucoup moins que Philippe Sollers ou même Pierre Assouline, auquel les éditeurs de piètre envergure intellectuelle comme Bartillat demandent d’écrire des préfaces aux livres qu’ils éditent. Il est vrai qu’ils n’hésitent même pas à confier ce soin, lorsqu’il s’agit d’Une vieille maîtresse de Barbey, à… Catherine Breillat ! Je me moque également de savoir que la presse dite littéraire évoque bien peu mes ouvrages. Vous voyez, je ne cherche même pas à jouer la figure convenue de l’auteur maudit. Car il est tellement facile d’être, de nos jours, un infréquentable convenable, un truand de salon parisien comme l’est par exemple Marc-Édouard Nabe, que je n’éprouve guère d’admiration pour les spécialistes bien souvent autoproclamés de la subversion subventionnée.
Je parais sans doute odieusement prétentieux en affirmant une telle énormité, ou bien simplement rejouant pour m’en moquer la pudeur effarouchée de nos précieuses ridicules mais, ma foi, croyez-moi, je suis absolument sincère.
Qu’importe dès lors, si cette voie est d’extrême solitude je vous le disais, que mon livre soit édité et qu’il se vende passablement : borgésien dans l’âme, je me dis parfois que seule notre prétention nous pousse à désirer, à tout prix, la parution d’un ouvrage, alors que nos pages pourraient, tout aussi bien que celles d’un Pessoa, dormir au fond d’une malle et être redécouvertes, qui sait, dans mille ans, par une paire d’yeux qui ne saura rien de nous. Tant mieux. Car nous sommes submergés par la publicité, que nous alimentons comme il se doit. Regardez, ainsi, tout ce qu’un lecteur, même peu averti, est susceptible d’apprendre sur ma vie s’il ne fait que parcourir La Zone depuis sa création ? Nous avons tendance à bien trop évoquer nos malheurs et nos disgrâces infimes. Le vitriol de mépris que Céline a eu raison de jeter sur cette plaie amoureusement creusée par chacun d’entre nous n’est pas près de ne point continuer d’agir : nous sommes des faibles, y compris celles et ceux qui nous paraissent être les plus forts. Un peu de patience aura vite fait de révéler la vilaine cicatrice que nous efforcions à tout prix de dissimuler. Vous ne m’en voudrez point de citer à nouveau l’immense Faulkner qui écrivit à son ami Malcolm Cowley : « Mon but, auquel tendent tous mes efforts, est que la somme et l’histoire de ma vie tiennent dans la même phrase qui sera à la fois ma nécrologie et mon épitaphe : Il fit des livres et il mourut. » Je ne peux pas franchement prétendre, depuis que j’ai créé Stalker, avoir tenté de demeurer parfaitement incognito.
Quoi qu’il en soit, une œuvre, une œuvre véritable trouve toujours un chemin, une route (via rupta) de violence pour toucher l’intelligence et le cœur de ses lecteurs. Je ne crois donc guère au mythe du manuscrit maudit car franchement, de nos jours, ne trouvez-vous pas qu’absolument tout ou, pour être plus précis, absolument n’importe quoi peut être édité ?
Voyez, par exemple, les éditions du Grand Souffle : ces gens-là, de véridiques illuminés brassant de grands mots vides qui éclatent devant leur petite bouche en dégageant une horrible odeur, des tartuffes pagano-pneumatiques adeptes de la partouze verbale à condition qu’elle soit absolument moderne (alors qu’elle n’est que faisandée), ces gens-là disais-je sont capables d’éditer des ouvrages de quelques dizaines de pages à peine, écrits probablement, un soir de déveine, sur le coin d’une machine à laver en vidant une bouteille de vodka orange, comme ceux d’un certain Didier Bazy, et croire sans rire qu’ils font œuvre (pardon : grand œuvre) intellectuel, prétendant même surpasser Levi, Celan et quelques autres nains qui ne se sont sans doute pas suffisamment aventurés, à leurs yeux, dans les ténèbres. Pauvres garçons qui ne connaissent pas même les œuvres radicales de Jean Améry ou d’Imré Kertesz et affirment, en collant un texte illisible sur des illustrations poussives, réinventer une avant-garde littéraire qu’un peu de culture leur ferait tout du moins ne pas méconnaître, voire, plus sûrement, complètement ignorer… Au moins, il y avait quelque talent dans l’ouvrage d’un Roger Parry illustrant Banalité de Léon-Paul Fargue, alors que dans le brouet mitonné par les cuistots peu scrupuleux de L’Imp(a)nsable (sic), je ne vois que nullité et prétention, nullité du fait même qu’il y a terrible prétention, beaucoup d’épices visuelles censées nous faire oublier le goût infect de la carne qu’ils nous servent.
Je me permets de revenir un instant au cas de mes propres livres. Si je ne crois pas, en effet, à une quelconque malédiction qui, comme dans le conte de Coleridge, m’obligerait à écumer les bars en répétant le malheur qui m’est arrivé, je dois tout de même constater que mes ouvrages jouent d’une particulière malchance. Mon essai sur George Steiner a ainsi été refusé par le Cerf, en la personne de Philippe Verdin qui me demandait, afin de ne point effaroucher ses lecteurs, d’émasculer (sic) mon texte, de le dé-bernanoser si je puis dire. Le deuxième ouvrage, aujourd’hui réédité par Irénée D. Lastelle dont j’admire les efforts et l’opiniâtreté, a disparu des librairies, les éditions A contrario ayant été, selon l’ignoble terme juridique, liquidées. Le troisième, La Critique meurt jeune, s’est trouvé lamentablement secondé par son attachée de presse, Marjolaine de Latour, transfuge des Presses de la Renaissance (qui, je crois, l’ont récupérée depuis qu’elle a été licenciée, sans doute, du moins je l’espère, au motif de son incompétence, par le Rocher…). Je ne vous étonnerai hélas probablement pas en vous apprenant que cette vague représentante commerciale a paru proprement scandalisée le jour où je lui ai demandé si elle avait tout de même l’intention de lire un livre (notez que je me doutais qu’elle ne l’avait point lu…), en l’occurrence le mien, qu’elle était chargée de défendre. « Croyez-vous que j’aie le temps de lire votre livre ? VRAIMENT ? Je préfère donc vous écouter m’en parler… ». Je vous assure que ces propos, appuyés d’un large sourire débordant de frites, m’ont été servis sans la moindre gêne.
Le résultat de cette incompétence caractérisée et n’ayant aucune honte à s’étaler ? Il ne se fit pas attendre ou plutôt, c’est l’inverse qui se produisit puisque rien ne vint. Comptant probablement sur l’éclat prestigieux des noms composant son carnet d’adresses, cette personne envoya à d’éminents journalistes une bonne trentaine d’exemplaires de mon livre qui, bien évidemment, ne fut jamais évoqué, pas même en une seule ligne mal rédigée. Les seuls articles concernant cet ouvrage, je les ai moi-même provoqués, en envoyant mes propres exemplaires à quelques personnes de talent (je fais bien sûr abstraction de Jean-Louis Ezine, sous-pigiste spécialisé dans le commentaire de courses de blattes). Quant à mon manuscrit sur Judas, vous savez pour quelles raisons d’une très haute intelligence Michel Surya, qui parut l’apprécier pourtant, l’a refusé : il est à gauche, ou plutôt à l’extrême gauche et moi, voyez-vous, je suis un méchant auteur qui n’aime pas les auteurs qu’il aime aimer (sic de nouveau) ! Je pourrais allonger encore la liste de mes déconvenues éditoriales, notez-le. Et alors ? Aujourd’hui, n’importe quelle petite dinde pré-nubile peut faire éditer son journal philosophico-amoureux, grâce à l’amour des livres dont témoignent, par exemple, quelques farceurs agissant par le biais d’Internet.
Cher Dominique, croyez bien que ne joue pas mon sous-Bloy comme le dirait Michel Crépu en vous révélant ces modestes déconvenues et que je ne cherche pas davantage à noircir un tableau déjà passablement fuligineux. Il y a de très belles réussites en France comme le sont les éditions de L’Éclat, Jérôme Millon ou encore Sulliver, même si Lastelle les quitte (peut-être est-ce là, d’ailleurs, le signe évident d’une future guigne éditoriale qui décidément colle à mes livres).
D.A. : Contrairement à d’autres époques de l’histoire où des civilisations se sont défaites, la nôtre me semble présenter cette singularité : ses élites tardent à nommer ce qui pourrait les lier. Pensez-vous qu’une pratique de la littérature, dont vous remettez au jour les outils et les armes, puisse nourrir ce lien social qui fait défaut à ceux qui, aujourd’hui, où qu’ils se tournent, butent sur le mutisme spirituel de l’époque ? Ou, au contraire, la lecture de ce que vous nommez la littérature à contre-nuit n’a-t-elle pour destin que d’épaissir la nuit extérieure, de renvoyer chacun de nous à la solitude surpeuplée qui est son lot quotidien ?
J.A. : Je dois vous avouer que je ne sais trop que vous répondre. Ce livre a été écrit, comme chacun de mes autres textes, dans l’urgence et, bien souvent, la douleur. Alain Santacreu, dans la belle critique qu’il fit de cet ouvrage, affirmait que s’y trouvaient des étapes herméneutiques, de véritables haltes nous permettant de trouver repos puis de nous élancer vers la lumière, toujours lointaine mais se rapprochant néanmoins. Ainsi mon livre serait-il, à sa façon point calculée, contrelittéraire, en ce sens qu’il ne se contente pas de dresser, sous les yeux du lecteur, de labiles êtres de papier mais qu’au contraire il le dérange, l’engage sur des voies qu’il eût sans aucun doute préféré éviter.
Puisque la démarche de ce psychopompe particulier qu’est tout auteur, vous le savez, est de descendre au plus profond de l’obscurité avec pour seule mission de revenir, de tenter de revenir au grand jour, alors, dans ce sens, oui, Alain a eu raison de souligner ce passage de la métaphore à l’action : je suis devenu, dans ce livre difficile, guide tout autant que graveur à la manière noire. Il s’agit en somme pour moi, en tant que critique, d’escorter les morts, non pour les mener vers les ténèbres plaintives qui seront désormais leur lieu de séjour mais pour les ramener, quelques instants et à condition que nous les accueillions en silence, auprès des vivants, afin de leur permettre de nous faire entendre leur voix. Comme toute œuvre artistique peu pressée de séduire, toute critique digne de ce nom est dialogue sans fin avec les morts, souvent plus vivants que les imbéciles translucides qui s’agitent sous nos yeux [2].
[1] Ma présentation de la première édition de La Littérature à contre-nuit avait donné lieu à un échange avec Juan Asensio.
[2] Les thématiques de la voix de nos morts (sans cesse présente dans les magnifiques et funèbres livres de Guy Dupré – Les fiancées sont froides, Le Grand Coucher…) et de la technique de gravure dite de contre-nuit seraient-elles donc secrètement liées, comme nous invite à le penser W. G. Sebald dans un très beau texte intitulé Au royaume des ombres de Jan Peter Tripp recueilli dans Séjours à la campagne ?
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Dominique Autié
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Dominique Autié
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