Le propos d'aujourd'hui est inaugural, quelque peu solennel. Et je préviens le visiteur : comme l'indique son titre, cette chronique aura une suite. Il se peut même – son objet le justifie – que l'entreprise prenne assez vite l'allure d'un feuilleton, tant la matière abonde, tant elle est, à ce jour et sur le médium Internet, à proprement parler inédite. De sorte que, dérogeant à la règle implicite de la blogosphère, je serai bien en peine de placer dans cette chronique un lien efficace (si ce n'est celui qui, à la ligne précédente, me dédouane du soupçon d'avoir créé, par e-dandisme, ce néologisme) qui renvoie l'internaute vers quelque site, instructif ou édifiant, et lui permettre ainsi de prendre une petite avance sur la livraison suivante.
D'ailleurs, après avoir scanné ce portrait de l'homme, j'ai ressenti une brève bouffée de découragement (le grand in-quarto dans lequel il figure en frontispice est lourd, il m'a fallu prendre mille précautions pour asseoir le premier plat de couverture et les trois premiers feuillets intérieurs sur la vitre sans que la masse des 696 autres pages et du reste de la reliure n'entraîne l'ensemble – il m'a fallu déplacer plusieurs dossiers qui encombraient mon bureau pour y parvenir) : je ne saurais m'en tenir aux arrière-pensées de ce visage, je me trouve comme au pied du mur.
Après avoir replacé, provisoirement, le volume auprès des trois suivants (l'œuvre elle-même présente la singularité d'avoir été livrée en cahiers périodiques, puis reliée en quatre forts volumes), j'ai résolu de m'acquitter, pour aujourd'hui, d'une dette initiale à l'égard d'Armel Louis, libraire en région parisienne et lexicographe, à qui je dois de connaître l'homme que voici.
Un bref repentir toutefois (j'ai parfois tendance à forcer un peu le trait pour m'assurer d'être entendu dans le bruit ambiant, de même que je surdose toujours légèrement la prise de médicaments) : je viens d'apprendre grâce à Google que l'enfant terrible d'Issoudin [un site consacré à la généalogie en Bas-Berry] n'est pas si oublié que ça puisqu'une rue porte son nom à La Courneuve.
Ecce homo, oui mon cher Dominique, mais aussi Ecce femina !
D'abord le frontispice qui pourrait se surtitrer d'un « Ecce me », avec un visage doux comme la barbe sombre et qu'entourent des vagues de cheveux plutôt poivre que sel, un regard franc et le sourire un brin fiérot, ce beau cou que le docteur Louis aurait plaisir à guillotiner, le tout dans un ovale (du moins pour mon édition de 1856 à la reliure romantique verte), portrait « gravé par Monnin, d'après Houzé », ce nom enfin qui s'étire dessous en anglaises :
Maurice La Châtre,
patronyme coupé en deux qui fleurent l'aristocrate rescapé des révolutions mais qu'il prolétarisera - ou châtrera - plus tard, après les condamnations bourgeoises...
Voici la femme... qui suit une première page de titre représentant Constantinople, une défunte car ce dictionnaire est un tombeau tel le Taj Mahal, une morte que seule la pudeur peut honorer, une créature sans l'odor femina ni le parfum sulfureux des Anges ni les miasmes des cadavres...
A l'ombre vénérée
D'AMÉLIE DE BRAY
SŒUR BIEN AIMÉE,
Tu es partie avant nous pour ces mondes lointains où tous nous allons revivre quand notre mission sur cette terre est accomplie ; heureusement la vie est courte, et notre séparation aura duré quelques jours seulement. (…) Je t'offre la dédicace de ce livre, commencé sous tes yeux et entrepris d'après tes sages conseils.. Hélas ! tes blanches mains en ont à peine touché les premières livraisons (…)
… que ton souvenir demeure attaché à ce livre dont tu as été l'inspiratrice, et qu'il soit le monument que ma piété élève à Amélie De Bray. Arbanats (Gironde), le 25 Février 1856.
MAURICE LA CHATRE
L'offrande est suivie d'une seconde page de titre de textes, puis d'une troisième représentant Adam et Eve entourés d'angelots à leurs pieds et, pour chaque angle, d'un habitant des quatre coins du monde.
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Dominique Autié
Dominique Autié
Quand le labeur
de vos journées
et les lectures
de vos nuits
vous tendent un seul
et même miroir
qui est l’écran
de votre ordinateur,
il y a urgence
à créer votre blog :
grâce au premier internaute
qui vous rend visite,
le cercle
cesse d’être vicieux.
Dominique Autié
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